La peinture fait silence du verbe, du mental, et retrouve le goût de l'eau, l'éclat du pigment bleu de lumière, les matières en sables, les collages des coquillages laissés par la mer... Tout est poussière... On a qu'une vie, la poussière elle en a des tas ! Pas d'urgence cependant pour avoir le courage de laisser la rive, et rejoindre le courant, le fleuve où le courant porte, mon canoë de fortune, mais j'ai une bonne pagaïe, pour naviguer, où bon me semble.

 Se relier, à l'univers... aurions-nous perdu quelque chose d'essentiel ? Un lien profond avec les éléments, l'eau, la terre, l'air, le feu, un contact physique, primordial. Je suis cet animal qui ne renonce pas à son soleil du matin sur le visage, cet apatride pour être de partout, ce sauvage des coulures, pour le printemps des acétates.
 ... Quand j'ai la conscience que mon coeur peut être vide, que je sais un mieux ce qui n'est pas, de l'amour, de la lumière, je dis enfin oui, à ce qui est là tout près, auquel j'étais aveugle.

 Si je sais donc que je peux passer à côté des choses, de ma vie, je peux marcher dedans avec l'énergie concentrée sur cette passion là. Sans mobile, j'avance, sur le fil, de mon inconnue.